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Le ciné de gg
19 septembre 2007

Les amours d'Astrée et de Céladon, Eric Rohmer

AfficheLes amours contrariés d'un berger et d'une bergère au temps des Gaulois. Adaptation du roman d'Honoré d'Urfé, écrivain du XVIIème siècle.

A première vue, un synopsis peu engageant, seulement... Seulement, le réalisateur est Eric Rohmer et que la curiosité est toujours plus la forte.

Rohmer s'empare, avec un plaisir non dissimulé, du roman pastoral d'Urfé pour en faire une ode à la jeunesse et la sensualité. Les textes du XVIIème sont repris tels quels dans leur phrasé d'époque et comme souvent, Rohmer a choisi des comédiens non professionnels pour interpréter les deux personnages principaux. Malgré ce décalage langagier, déroutant au départ il faut l'avouer, on pénètre avec délice dans la parenthèse enchantée d'éphèbes en tuniques et de jeunes vierges aux longs cheveux bouclés.

L'histoire se prêterait volontiers pourtant au mélodrame larmoyant. Se croyant trompée, Astrée commande à Céladon de ne plus jamais se présenter devant elle. Désespéré, l'amoureux éconduit se jette dans la rivière; il est sauvé, in extremis, par des nymphes. Convaincu de la détermination de sa belle, Céladon demande à ce que son sauvetage reste secret. C'est ici que le film bascule et dévoile tout à la fois son pouvoir sensuel et comique. Obligé de se travestir en nymphe pour demeurer caché d'Astrée, Céladon brouille les frontières. Cette confusion des genres échauffe et galvanise le spectateur, qui en devient le complice béat.

sauvetage A la manière d'Almodovar, le personnage androgyne de Céladon joue avec les codes sexuels et déborde d'un érotisme troublant. On en ressort comblé, tous les sens en éveil. Sur grand écran, Rohmer nous a offert sa vision du paradis terrestre, une variation libertine du motif antique du « locus amœnus ».

Le cinéaste retrouve ici l'un de ses motifs phares, à savoir celui de la fidélité. Il explore et questionne la pureté amoureuse pour en extraire toute son ambivalence. Il en résulte une fantaisie bucolique où l'amour même absolu ne peut se départir de l'attraction charnelle. Ainsi les dernières scènes assouvissent un fantasme collectif où l'on ne reconnaît plus de deux corps enlacés, l'être féminin de celui masculin. Tout l'artifice rohmérien est là, dans sa plus grande subtilité.

FinA contre–courant d'une certaine tendance du cinéma français jugé trop cérébral ou trop parisien, « Les amours d'Astrée et de Céladon » est un film à voir goulûment, sans limite, seul ou accompagné...

Fiche technique du film

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Commentaires
L
mais je pense qu'il faut vraiment aimer Rohmer... sinon on s'ennuie (dixit une collègue)<br /> bonne continuation le blog à gg ;-)<br /> *elo*
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