A propos de la polémique autour de "La Question humaine"...

Je vous recommande de lire ces quelques extraits de l'article de Guy Konopnicki "Le président et le cinéaste", publié dans Marianne N° 543, du 15 au 21 septembre 2007 (p. 13).
Intéressant, très intéressant...

"Les références historiques suscitent des réactions fort différentes, selon la position de celui qui en use. Devant les chefs d'entreprises, Sarkozy assimile les témoignages utilisés par les magistrats du pôle financier aux dénonciations anonymes, caractéristisant, selon lui, le pouvoir de Vichy. […]

Dans "La Question humaine", Nicolas Klotz met à nu les mécanismes de la compétition économique, la cruauté des rapports au cœur de l’entreprise libérale. L’ombre de la machine nazie, de sa conception de l’homme, se profile dans l’évocation des réalités contemporaines. Au vu du scénario, les chaînes se sont défilées. Et, le film sort accompagné d’une polémique. Nicolas Klotz se voit accusé de comparer ce qui n’est pas comparable, pensez, l’entreprise, menant de saintes guerres sur le front financier, et le mal incarné dans l’histoire par le nazisme!  

[…] Le cinéaste déclenche la polémique, pas le président. Nicolas Sarkozy, il est vrai, nous a habitués aux incantations historiques ; avec lui, les martyres surgissent dans les campagnes électorales et reviennent dans les vestiaires des stades. Il peut donc parler de Vichy quand il envisage de dépénaliser certaines fautes de gestion. C’est disproportionné et, au demeurant le président assène une idée reçue fallacieuse quant à la délation sous Vichy. […] Mais il n’y a pas eu de polémique, parce qu’au sens fort du terme le propos de Nicolas Sarkozy était insignifiant.

En revanche, Nicolas Klotz attaque la pierre angulaire de la pensée dominante. L’idée selon laquelle la liberté du marché constituerait un rempart contre le totalitarisme. […] [Il] a posé la question humaine au beau milieu de la course aux richesses. Et ça franchement, ça ne se fait pas."