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Le ciné de gg
11 janvier 2008

« It’s a free world », Ken Loach

AfficheGB - 2007, 93'

La sincérité de Ken Loach est indéniable tant l’unité de sa filmographie parle d’elle-même ; de « Pas de larmes pour Joy » à « My name is Joe » en passant par « Raining stones », son cinéma fait preuve d’une constante rare ; depuis près de 40 ans, il dénonce les injustices de la société britannique, au point d’être considéré, comme il le dit lui-même, comme « le travailleur social du cinéma britannique ». Ne dérogeant pas à la règle, « It’s a free world », dernier opus du cinéaste, est un violent pamphlet contre les dérives d’une mondialisation aveugle, avec l’exploitation des travailleurs immigrés.

La singularité et la force du film repose essentiellement sur la métamorphose morale de l’héroïne, Angie, la remarquable Kierston Wareing, curieux mélange de blondeur angélique et de dureté thénardiesque.
Au départ, elle fait figure de mère courage, obligée de supporter les mains baladeuses de ses collègues, les ennuis scolaires de son fils Jamie et le regard inquisiteur de ses parents, réprouvant son mode de vie. On retrouve bien évidemment ici le contexte socio-culturel cher à Ken Loach et son mode opératoire, la forme au service du contenu. Seulement, le cinéaste va plus loin que d’habitude dans son portrait non plus extérieur mais intérieur de la barbarie moderne. Comment? par la relation ambigüe qu'il entretient avec son héroïne. Au fur et à mesure de l'intrique, celle-ci se dénature; de victime, Angie devient bourreau. Son licenciement abusif l’accule à monter illégalement, avec sa colocataire, une société de travail clandestin. L’exploitation économique des laissés pour compte de la mondialisation sera son gagne-pain. Sa soif de revanche sur la société est telle qu’elle finit par être un monstre de cynisme, utilisant sa main d’œuvre selon son bon-vouloir, comme en témoigne la séquence où elle demande à l’un de ses employés de satisfaire son besoin sexuel. La légèreté avec laquelle elle abdique à sa conscience morale est fascinante et l’on comprend dès lors que rien ni personne ne l’arrêtera.

recrutementOn serait tenter de s’interroger sur les raisons d’un tel virage. Angie est un pur produit de l’ultra libéralisme ; elle ne connaît pas d’autre système que celui régit par la loi du plus fort . C’est donc avec les même armes que ses anciens employeurs qu’elle va répondre à l’injustice qui lui a été faite. Décrivant une femme, rendue inhumaine par la force des choses, gouvernée par l’instinct de survie, Ken Loach établit un parallèle entre monde animal et libéralisme économique, assimilant les êtres à des bêtes féroces. Le coup de téléphone passé au service d’immigration est d’une insoutenable cruauté. L’ennemi est intime et Angie signe sa propre condamnation. Il n’y a plus d’échappatoire possible dans sa quête insatiable de profit ; et, à la fin, c’est elle l’employeur-bourreau, abusant de la crédulité des travailleurs polonais ; la boucle est bouclée.

« It’s a free world » est donc une œuvre majeure dans la carrière du cinéaste britannique. L’ironie induit par le titre, nouveau chez Ken Loach, signe son désespoir devant le cynisme du monde du travail.

 

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Commentaires
Y
Slt GG<br /> <br /> Oiu bon alors le commentaire d'un certain Mr Albmir, qd on a pas vu le film, c 1 peu facile ... ;)<br /> <br /> Sinon perso je suis un peu resté sur ma fin, un peu court mais sinon bon scénario, tres actuel et sans clichés
K
gg, vous allez adorer, je pense, le merveilleux film "Telepolis" de Esteban Sapir.<br /> Sortie nationale sur 8 copies le 30 janvier 2008!
A
L'ange devient démon, les victimes deviennent des bourreaux, bref rien de neuf sous le ciel de Ken Loach. Les libéraux deviennent désormais des ultra libéraux et donc ce n'est pas bien, mais pas bien du tout, ce n'est pas un conte de NOël. Mais qui rendra l'Homme meilleur, plus de règles, de règlementations, attention en attirant notre attention sur les mécomptes et les méfaits de notre société ou de la société britannique, le meilleur des mondes est proche et c'est le populisme avec des slogans du type interdisons les licenciemennts et tout le toutim.
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